Le professeur Félicien Kouamé, maître de conférences et psychologue, a animé une conférence de presse, jeudi 5 juin 2025, à la salle de la Poste au sein de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Il y a présenté la recherche-intervention comme une alternative crédible et adaptée pour impulser des réformes profondes sur le continent.

Placé sous le thème « Transformer l’Afrique par l’intelligence terrain : la recherche-intervention, ce catalyseur de la réforme véritable en Afrique », ce moment d’échanges a permis de mettre en lumière l’écart persistant entre les méthodes de développement importées et les réalités organisationnelles locales.

Pour le professeur Kouamé, l’Afrique regorge de talents et de compétences dans tous les domaines. Pourtant, les entreprises et institutions continuent de faire face à des dysfonctionnements internes : conflits latents, stress chronique, démotivation, fatigue managériale ou encore projets avortés. Un climat social délétère que le chercheur attribue en partie aux méthodes utilisées. « Et si le vrai problème venait des méthodes elles-mêmes ? Ce ne sont pas les expertises qui manquent. Mais pourquoi ça ne marche pas ? », s’est-il interrogé.

Face à ce constat, il plaide pour la recherche-intervention, une approche participative centrée sur la co-construction des solutions avec les acteurs concernés. « Il ne s’agit plus de collecter des données et de livrer un rapport. Il s’agit de travailler ensemble, du diagnostic jusqu’à la mise en œuvre, pour transformer de l’intérieur. »

Cette méthode, selon lui, permet d’identifier les « coup cachés » qui freinent l’efficacité organisationnelle : stress, conflits, démotivation, désengagement, perte d’énergie collective. Autant de réalités souvent ignorées par les formations classiques, jugées peu impactantes car déconnectées du terrain.

Le professeur a également présenté la méthode POMP (Produit, Objectif, Méthode, Prestation), un cadre opérationnel qui guide la recherche-intervention. Il s’agit d’identifier les problèmes spécifiques, de fixer des objectifs, de définir les moyens à mobiliser, puis de former les acteurs internes pour une mise en œuvre conjointe, suivie d’une évaluation de l’impact. « La méthode n’est pas figée. C’est le terrain qui dicte la démarche », a-t-il souligné.

Dans son propos, il a insisté sur la nécessité d’un leadership éthique pour rendre cette approche effective. « Si le manager n’est pas sincèrement engagé dans une volonté de transformation, la démarche échouera. »

Par cette conférence, le professeur Félicien Kouamé appelle à repenser les dynamiques de changement en Afrique à partir de ses propres réalités, en misant sur une intelligence collective du terrain.

DK