Faure Gnassingbé, de la présidence au parlement,
Vingt ans après son accession au pouvoir d’Etat, Faure Gnassingbé inscrit durablement son règne dans la Ve République togolaise. Une nouvelle étape franchie le samedi 3 mai 2025, avec sa prestation de serment en tant que président du Conseil, un poste nouvellement créé à la faveur de la révision constitutionnelle de 2024. Bien qu’il ne soit plus président de la République, Faure Gnassingbé conserve l’essentiel des prérogatives exécutives.
En février 2005, Faure Gnassingbé accède à la magistrature suprême après le décès de son père, Eyadema Gnassingbé, qui avait dirigé le Togo durant 38 ans.
La nouvelle Constitution abandonne le régime présidentiel au profit d’un régime parlementaire. Le président de la République devient ainsi, une figure protocolaire, tandis que l’essentiel du pouvoir est transféré au président du Conseil des ministres, désigné par le Parlement.
Si le gouvernement parle d’un « ajustement institutionnel », l’opposition et certains acteurs de la société civile y voient un verrouillage du pouvoir. Pour Nathaniel Olympio, du mouvement Touche pas à ma Constitution, cette transition est un « viol orchestré de la conscience de chaque Togolais ». David Dossey, du Front citoyen Togo Debout, dénonce une stratégie de contournement : « Le président de la République a un mandat limité, mais sans pouvoir. C’est le président du Conseil des ministres qui décide de tout ».
Dans un contexte régional marqué par des débats sur la limitation des mandats présidentiels, cette réforme soulève des interrogations. La CEDEAO envisage de renforcer ses exigences sur la durée des mandats, mais la nouvelle architecture togolaise pourrait offrir une échappatoire à ces règles.
Sur la scène internationale, Faure Gnassingbé reste une figure sollicitée. Il a été nommé médiateur de l’Union africaine dans la crise entre Kigali et Kinshasa, et joue un rôle dans les discussions entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et la CEDEAO.
À l’intérieur comme à l’extérieur du pays, l’évolution du pouvoir togolais suscite analyses et réactions. Le changement de titre ne semble pas changer la donne : Faure Gnassingbé reste l’homme fort de Lomé.
DK
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