C’est un conseil avisé du Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé. Il était adressé à la 4e promotion de l’Institut de formation politique Amadou Gon Coulibaly. Ce 8 juillet 2025, le prédicateur de l’église protestante de Côte d’Ivoire a encore surpris plus d’un. Fidèle à ses images ironiques, tirées la plupart du temps de la métaphysique, il a conseillé à ses filleuls d’apprendre à « descendre s’ils veulent monter ».
Si le message de Mambé va particulièrement aux jeunes formés dans cet institut qui porte le nom de l’ancien Premier ministre mort en plein conseil des ministres, cette invitation transcende leur simple personne. C’est une invite à toujours faire des efforts, partout, pour transcender la condition humaine. C’est cet effort de dépassement constant de soi « pour hausser l’âme humaine au-dessus de l’idée » qui, nous semble-t-il, guide depuis quelques mois, l’opposition à son gouvernement.
Il ne se passe plus de jours ou de minute sans que l’opposition ivoirienne, dans son ensemble, ne demande, ne sollicite, ne prie le gouvernement de Beugré Mambé d’ouvrir un cadre de dialogue avant la présidentielle d’octobre prochain. Pour Laurent Gbagbo et ses amis des autres formations politiques, il faut faire comme le philosophe qui conseille vivement de transcender la vulgarité. Parce que, justement, « si tu veux monter, il faut descendre ».
La présidentielle, dans une démocratie à régime présidentialiste, est la reine des élections. C’est la clé de voûte dans une architecture. C’est le moteur d’un engin. C’est le pivot d’une équipe de basket-ball. C’est le métronome des onze footballeurs entrants. Si elle est ratée, c’est la débâcle. L’histoire politique et électorale de bien des pays d’Afrique de l’ouest le témoigne avec éloquence.
Alors, Robert Beugré Mambé dont on ne peut remettre en cause l’intelligence pratique d’ingénieur des ponts et chaussées et la sagesse de serviteur assermenté de Dieu, parle-t-il à ses supérieurs quand, du haut de la tribune dressée ce mardi 8 juillet pour la circonstance, il lance, tout sourire : « Si vous voulez monter, il faut descendre » ? Et si, dans une dimension subliminale, le Premier ministre que l’on voit perché, réfléchissait à haute voix ? « La Côte d’Ivoire est notre mère-poule. Entretenons-la comme un œuf. Opposition, pouvoir : descendons avant de monter ».
Au surplus, cette réflexion intérieure vient en écho à cette introspection intuitive oxymorique qui, jadis, nous interpellait : « Doucement, doucement, nous sommes pressés ! »
Abdoulaye Villard Sanogo
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