Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Ouattara candidat à sa propre succession malgré la relève annoncée
Alassane Ouattara va encore porter les couleurs du RHDP pour la présidentielle d’octobre 2025
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Le président ivoirien Alassane Ouattara a officiellement annoncé, mardi 29 juillet 2025, sa candidature pour un quatrième mandat à la tête de l’État, mettant fin à plusieurs mois de spéculations. Une décision qui, au-delà des considérations juridiques et sécuritaires invoquées, relance le débat sur la succession au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).
« Après mûre réflexion et en toute conscience, je vous annonce que j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 », a déclaré le chef de l’État lors d’une déclaration télévisée. Il a justifié cette décision par le contexte national, qu’il juge particulièrement critique. « Notre pays fait face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent. Leur gestion exige de l’expérience », a-t-il souligné, tout en affirmant que la Constitution et sa santé lui permettent de continuer à assumer ses fonctions.
Cette nouvelle candidature vient cependant en contradiction avec les engagements antérieurs du président. En février 2022, dans une interview accordée à France 24 et RFI depuis Bruxelles et diffusée mercredi 16 février 2022, Alassane Ouattara avait clairement évoqué son intention de passer la main à une nouvelle génération. « Ils sont nombreux, ils sont très compétents », affirmait-il alors à propos de certains cadres de son parti, le RHDP. « J’en ai à peu près une demi-douzaine à qui je pense (...) je suis persuadé que nous ferons un choix démocratique et nous aurons quelqu’un de très compétent pour continuer de diriger le navire Côte d’Ivoire », avait-il assuré.
Cette déclaration nourrissait alors l’espoir d’une transition démocratique interne au sein du parti présidentiel. Mais trois ans plus tard, le constat est tout autre : malgré l’existence d’une « demi-douzaine » de cadres qualifiés, selon ses propres termes, le président sortant semble estimer qu’aucun d’eux n’est prêt à relever les défis actuels du pays.
Cette volte-face soulève de nombreuses interrogations. La première porte sur la confiance réelle du président envers son entourage politique. Si, en 2022, il affirmait la compétence de ses dauphins potentiels, son retour dans la course en 2025 laisse sous-entendre qu’aucun d’eux ne serait, en définitive, à la hauteur des enjeux du moment. Est-ce à dire que, malgré des années d’expérience à ses côtés, ces cadres n’ont pas encore acquis les qualités nécessaires pour diriger le pays ? Ou bien le contexte national justifie-t-il, à lui seul, cette concentration continue du pouvoir autour d’un homme ?
La candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat, bien que permise par la Constitution, selon lui, va sans doute raviver les critiques sur l’alternance politique en Côte d’Ivoire et sur la place accordée à la relève générationnelle au sein du RHDP.
Au RHDP, on n’en fait pas un souci ou du moins pas publiquement. Pour l’heure, on savoure une décision qui vient pour « libérer tout un peuple ».
Lambert KOUAME
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