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RDC-Rwanda : un accord sous pression, entre promesses de paix et doutes profonds
1 juil. 2025, 22:58

Kigali et Kinshasa un accord de paix effectif

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Après des années de tensions meurtrières dans l'Est de la République Démocratique du Congo, un nouvel accord de paix a été signé entre Kinshasa et Kigali vendredi 27 juin 2025 à Washington au Etats-Unis. Un engagement salué comme « une nouvelle ère de stabilité » par le Président Félix Tshisekedi, mais aussitôt remis en question par l’AFC/M23, principal acteur armé du conflit.

Une paix fragile sur un terrain miné

Signé à Washington sous médiation américaine, l’accord engage la RDC et le Rwanda à respecter l’intégrité territoriale de chacun et à mettre fin aux hostilités. Il fait suite à une intensification des violences dans le Nord-Kivu, où les rebelles du M23, soutenus par Kigali selon Kinshasa et l’ONU, avaient pris le contrôle de Goma et Bukavu au début de l’année.

« Cet accord ouvre la voie à une nouvelle ère de stabilité, de coopération et de prospérité pour notre nation », a déclaré Félix Tshisekedi dans un message vidéo le lundi 30 juin 2025, jour des 65 ans de l’indépendance de la RDC.

Mais dans les faits, l’application du texte reste suspendue à des engagements plus anciens, comme le Conops signé en octobre 2024. Il prévoit notamment le retrait des troupes rwandaises dans un délai de trois mois, en échange d’une neutralisation des forces démocratique de libération rwandaise (FDLR), groupe armé hostile au régime de Kigali et présent sur le sol congolais.

Des critiques directes de l’Alliance fleuve Congo ( AFC)  /M23

Selon le média Actualité.cd à Kinshasa, les autorités assurent qu’aucun intérêt ne sera bradé. « Le gouvernement ne va brader aucun intérêt de la RDC », a martelé Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, en marge du forum RDC-Japon à Osaka.

Mais du côté de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), l’accueil est glacial. Dans une déclaration officielle, Corneille Nangaa, coordinateur de l’AFC, prend acte du texte, mais le qualifie de « pas limité » et dénonce une lecture biaisée du conflit.

« L’accord signé à Washington (…) constitue un pas, certes limité, mais utile. Nous en prenons acte », a-t-il dit. Il rejette toutefois « la supercherie inacceptable » selon laquelle, la crise serait uniquement un bras de fer entre Kinshasa et Kigali, estimant que les causes profondes restent ignorées.

Il va plus loin et accuse directement Kinshasa de saboter le processus de Doha, pourtant conduit sous la médiation du Qatar. « Kinshasa torpille systématiquement ces pourparlers », déclare-t-il, évoquant l’« intransigeance » du régime et les massacres toujours en cours dans le Sud-Kivu, l’Ituri, ou encore les attaques des milices Wazalendo.

Des gestes d'apaisement du M23 ignorés ?

Pour appuyer ses propos, Nangaa énumère des gestes de « bonne foi » posés par le M23 : cessez-le-feu unilatéral, repositionnement des troupes à Walikale, transfert sécurisé de plus de 1 300 soldats congolais, coopération avec la MONUSCO et les humanitaires.

« Aucune solution militaire ne pourra durablement résoudre la crise congolaise », insiste-t-il, appelant à une solution politique inclusive. Pour lui, le refus du dialogue est une « trahison pour nos générations futures ».

 

Dominique Koba


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