Ces points d'eaux stagnantes regorgent de nombreux silures
À Gonzagueville, lorsque la pluie tombe, un phénomène surprenant mais devenu courant se produit : des silures apparaissent dans les eaux de ruissellement et dans les eaux stagnantes. Ces poissons, qui ne sont pas originaires de ces eaux, semblent surgir comme par magie. Rapidement, les habitants en profitent pour pêcher ces créatures inattendues. C’est devenu une scène familière, au point que certains attendent même tranquillement chez eux que ces poissons arrivent, pour ensuite les cuisiner et en faire un bon repas en famille. La pêche de ces poissons est devenue une activité quotidienne, presque une tradition locale.
« Dès que la pluie commence à tomber, je prépare déjà mes bassines et mes filets », confie Martin Kouadio, habitant d’Adjouffou. « On n’a pas besoin d’aller à la mer ou à la lagune. Les poissons viennent à nous. C’est incroyable, mais c’est devenu normal ici », ajoute-il.
Mais d’où viennent ces poissons ? Par quel phénomène apparaissent-ils dans ces eaux urbaines ? La réponse réside probablement dans le fait que ces poissons, souvent introduits dans des eaux plus vastes ou dans des aquariums, se retrouvent accidentellement ou volontairement dans des réseaux d’eau urbains lors de crues ou de débordements. Lorsqu’il pleut abondamment, les eaux de ruissellement, qui ne sont pas toujours bien drainées, envahissent les rues et parfois même les maisons. Ces eaux stagnantes ou en mouvement transportent alors ces poissons jusque dans des endroits où ils ne devraient pas être.
« On se demande toujours comment ces poissons arrivent là, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils viennent avec les eaux sales », explique Mariam Konaté, une résidente de Gonzagueville. « Chez nous, les enfants sont contents quand il pleut, parce qu’ils savent qu’ils vont aller ‘pêcher’ dans la cour. Mais en réalité, ce n’est pas une bonne chose. Ça veut dire que nos routes sont mal faites. »
Un fait insolite qui cache un problème plus profond
Ce phénomène, bien que banal pour les habitants de Gonzagueville, Adjouffou et d’autres quartiers similaires, est en réalité insolite et témoigne d’un problème plus profond : la difficulté que rencontrent ces populations face à l’état de leurs voies d’accès. Le reprofilage des routes et la pose de bitume, pourtant promis depuis longtemps, ne sont pas encore réalisés. En conséquence, à la moindre pluie, les rues deviennent des rivières, envahissant les maisons et rendant la vie quotidienne difficile.
« On vit avec, mais ce n’est pas normal. On a l’impression d’être oubliés », déplore Yao Aka, un père de famille de Gonzagueville. « Nos enfants jouent dans ces eaux sales, ils attrapent des maladies, mais personne ne réagit. Pourtant, chaque saison des pluies, c’est la même chose. »
Ces eaux stagnantes deviennent alors un habitat pour ces poissons qui, par un phénomène naturel, se retrouvent dans un environnement urbain inadapté.
Ce contexte met en lumière l’importance d’améliorer l’infrastructure urbaine pour éviter ces inondations et permettre aux habitants de vivre dans de meilleures conditions. En attendant, la pêche improvisée lors des pluies reste une particularité locale, un symbole de la résilience des populations face aux défis quotidiens.
Modeste KONÉ
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