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Fermeture définitive du guichet unique d’Akwaba City : un rêve ivoirien en deuil et un appel à la conscience nationale
Aujourd'hui, 12:34

Ce projet Akwaba city qui tient tant à Touré Ahmed Bouah verra-t-il encore le jour?

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C’est avec une profonde tristesse que la Société pour la promotion de l'habitat, des infrastructures et de l'aménagement (SOPHIA-SA) assiste à la fermeture définitive d’Akwaba City, un projet qui incarnait autrefois l’espoir, la fierté et la vision d’un avenir meilleur pour le pays. Ce symbole d’ambition s’efface aujourd’hui dans un contexte de désillusion, laissant derrière lui une trace indélébile dans le cœur de tous ceux qui y croyaient.

La fermeture du centre de promotion des investissements, qui servait de guichet unique pour la sous-région, a entraîné le licenciement brutal de 133 cadres et employés de Sophia, la société porteuse du projet. Ces hommes et ces femmes, qui avaient consacré leur énergie à bâtir cette cité nouvelle, se retrouvent aujourd’hui sans emploi. Quant à l’entreprise, elle est frappée par une perte financière colossale de près de 200 milliards FCFA depuis le début du projet, en 2019. Ce chiffre, aussi lourd que déchirant, témoigne de l’échec cuisant d’un rêve collectif, d’un pari sur l’avenir qui s’est brisé dans l’indifférence. Mais également une perte qui met à mal la crédibilité même de l’Etat dans un partenariat public-privé dans lequel cette somme colossale a été investie pour la maturation du projet dans le cadre de la concession à l’Etat. Alors question : maintenant que le guichet unique du projet Akwaba city a été fermé, qui va rembourser cet argent sorti des caisses du promoteur ?

Lors du 25e anniversaire d’Akwaba City, Touré Ahmed Bouah, PDG de SOPHIA-Sa et promoteur de ce projet emblématique, a pris la parole avec une sincérité couverte d’émotion. Son discours, chargé de douleur et de colère, a dénoncé l’abandon de cette initiative qui représentait l’espoir d’un développement urbain structuré et durable pour la Côte d’Ivoire. Il a exprimé sa déception profonde face à l’indifférence de l’État, qui a laissé mourir ce projet vital, conçu pour accueillir jusqu’à 6 millions d’habitants dans un axe stratégique entre Abidjan et Anyama.

Ce triste constat, selon lui, met en lumière une vision urbaine en déclin, une capitale économique qui déborde, s’étouffe, mais sans véritable planification ni ambition. Pour le promoteur immobilier, la Côte d’Ivoire a préféré improviser, bricoler, plutôt que bâtir un avenir solide. Les infrastructures majeures, déclare-t-il, telles que le stade olympique, la zone industrielle ou la gare CEDEAO, ont été construites dans un chaos urbain, sans cohérence ni vision d’ensemble. La frustration est palpable : ces équipements, pourtant essentiels, ne peuvent prospérer dans un environnement sans direction claire.

Ce fiasco collectif, « cette trahison des espoirs d’une génération », pèsent lourd sur le cœur de tous ceux qui ont cru en Akwaba City. Le projet n’était pas, pour lui, seulement une ambition personnelle, mais un symbole de l’engagement d’une nation. La fermeture du centre et le licenciement des employés représentent une blessure profonde, une déchirure dans le tissu de l’espoir ivoirien.

Touré Ahmed Bouah, par ce projet, comme il le dit, a voulu rendre hommage à feu le président Houphouët-Boigny, symbole de l’ambition ivoirienne. Aussi a-t-il lancé un cri du cœur à la nation : « Que vaut notre hymne national si le travail de mille générations est trahi par le silence d’une seule ? » Son appel à la conscience collective résonne comme une mise en garde : il est urgent de rendre justice à ce projet, de se souvenir qu’il aurait pu être un levier de transformation urbanistique nationale.

Plus que jamais, il faut se rappeler que cet échec n’est pas une fatalité. Son message est clair : « Que cet abandon ne soit pas le modèle de la République. Que les rêves de nos enfants deviennent des villes, et leurs idées des politiques d’État. Akwaba City n’est pas une utopie, c’est une nécessité ». Pour lui, il en va de notre avenir commun, de notre dignité nationale.

Le patron de Sophia pense que ce douloureux épisode marque une étape sombre dans l’histoire urbaine et économique de la Côte d’Ivoire, mais il doit aussi servir de leçon. Il est temps de réfléchir collectivement à l’avenir du développement national, de tirer les leçons de cet échec pour ne pas reproduire ce gâchis. La Côte d’Ivoire doit retrouver la voie de la grandeur, celle qui valorise ses rêves, ses ambitions et ses citoyens.

En ce jour, le deuil d’Akwaba City nous rappelle que l’espoir doit toujours être nourri par une volonté ferme et une conscience nationale éveillée. Que cette tragédie ne soit pas vaine : qu’elle devienne le catalyseur d’un renouveau, d’un engagement sincère pour un avenir où chaque rêve pourra devenir réalité.

Modeste KONE

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