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Lutte contre la fistule obstétricale : la Côte d’Ivoire lance l’offensive
Hier, 20:58

Dr Honorée Kouamé, représentant la ministre Nassénéba Touré et Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente de l’UNFPA en Côte d’Ivoire

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Le gouvernement ivoirien a lancé ce mardi 13 mai 2025, à Abidjan la 2e édition de la « campagne régionale pour une Côte d’Ivoire sans fistule obstétricale », marquant une étape décisive dans la lutte contre cette affection dramatique et pourtant évitable qui touche près de 74 000 femmes dans le pays, selon les données de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2021.

Organisée en collaboration avec l’UNFPA, KOICA, le Rotary, MS Médias et d’autres partenaires, cette campagne s’inscrit dans le cadre de la conférence sud-sud et triangulaire sur la fistule obstétricale qui se déroule du 12 au 24 mai 2025. Elle mobilisera des chirurgiens venus de 13 pays de la sous-région et vise notamment à opérer au moins 144 femmes, à former le personnel médical et à renforcer la solidarité africaine pour éradiquer la fistule d’ici à 2030.

La fistule obstétricale, qualifiée de « maladie de la honte », est une lésion grave survenue lors d’un accouchement difficile, généralement sans assistance médicale adéquate. Elle entraîne des pertes urinaires ou fécales incontrôlables, menant à une exclusion sociale brutale, à la stigmatisation et à la souffrance silencieuse de milliers de femmes.

Pour Dr Honorée Kouamé, coordinatrice du Programme national de lutte contre les violences basées sur e genre (VBG), représentant la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant Nassénéba Touré, cette maladie est « l’une des conséquences les plus cruelles des inégalités ». Elle représente une violation des droits humains et un indicateur alarmant des inégalités de genre, aggravées par des pratiques comme les mariages précoces, l’excision ou les accouchements non médicalisés.

Depuis 2012, les efforts conjoints du gouvernement et de ses partenaires ont permis de soigner plus de 4 400 femmes par chirurgie réparatrice, et 2 200 d’entre elles ont été réinsérées dans la vie sociale et économique. Un pas important, mais encore insuffisant, a souligné la directrice.

Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente de l’UNFPA en Côte d’Ivoire, a salué ces avancées tout en appelant à une mobilisation renforcée :

« La fistule peut être évitée. Elle peut être soignée. Elle peut être éliminée. Cette campagne est un cri collectif pour mettre fin à cette injustice silencieuse. »

Le lancement de la campagne a également été marqué par un appel fort aux professionnels des médias. À travers un petit-déjeuner de presse, les journalistes ont été invités à se mobiliser pour faire connaître la cause, briser le silence, combattre les préjugés et relayer les actions prévues, notamment le gala de clôture, le téléthon et les actions de sensibilisation communautaire.

Au nom de la ministre de la Femme, Dr Kouamé a engagé les hommes de médias. Je voudrais vous dire combien votre rôle est essentiel. C’est par vos plumes, vos caméras et vos micros que la voix des survivantes sera entendues et que l’action collective deviendra possible.

Parler de la fistule obstétricale c’est aussi affronter des préjugés, bousculer les habitudes. Cela demande du courage et de l’engagement. Mais c’est ainsi que nait le changement. Grâce à vous, et à nos efforts conjugués, les préjugés tomberont et l’espoir renaitra dans les cœurs.

Elle exhorte les journalistes à s’approprier cette cause, à la défendre avec humanité, et à les accompagner pour que plus jamais une femme ne soit réduite au silence par la douleur et l’abandon.

Allant dans le même sens, Cissé Sindou, journaliste et président du Conseil d’administration de la MS Médias a exhorté ses confrères à s’engager dans cette lutte.

 « La fistule est un drame sanitaire et social trop souvent négligé. Nous avons un rôle citoyen à jouer pour éradiquer cette affection d’ici 2030. »

Les précédentes initiatives, telles que le dîner gala organisé en 2022 par MS Médias, ont prouvé l’impact de la sensibilisation et de la mobilisation. Ce gala avait permis d’augmenter significativement le nombre d’interventions en 2024, avec plus de 500 femmes opérées, a-t-il rappelé.

L’objectif de cette campagne, c’est d’éliminer la fistule obstétricale d’ici à 2030. Un objectif ambitieux mais atteignable grâce à la synergie entre l’État, les partenaires techniques et financiers, les collectivités locales, le secteur privé, les médias et les citoyens.

« Aucun accouchement ne devrait condamner une femme à l’exclusion », a rappelé Dr Kouamé, avant d’ajouter : « Mettre fin à la fistule, c’est redonner aux femmes leur dignité, leur santé, leur voix. »

Lambert KOUAME

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