Côte d’Ivoire : Lancement officiel de African Medical Review, une revue pour propulser la recherche médicale africaine sur la scène mondiale
Cette revue va porter la voix des chercheurs africains
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La Confédération générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), au Plateau, a accueilli samedi 10 mai 2025, un événement scientifique d’envergure : le lancement officiel de la revue African Medical Review. Une initiative portée par des chercheurs africains engagés pour redonner à la production scientifique du continent sa place dans les débats internationaux. À travers un panel de haut niveau, réunissant chercheurs, universitaires, cliniciens et acteurs institutionnels, la rencontre a posé les bases d’une réflexion stratégique autour du thème : « Repenser la production scientifique en Afrique ».
African Medical Review s’inscrit dans un contexte où l’Afrique, bien que riche en compétences scientifiques, reste marginalisée dans les publications indexées de référence. Cette invisibilité freine la reconnaissance des travaux locaux et limite leur impact sur les politiques publiques de santé.
« Nous avons décidé de créer cette revue pour offrir une plateforme crédible et structurée à nos chercheurs, afin qu’ils puissent enfin avoir voix au chapitre dans le débat scientifique mondial, » a déclaré le Dr Emmanuel Mian, médecin et directeur de publication de la revue. Il insiste sur l’ambition affichée : « Ce n’est pas une revue de plus. Nous visons un facteur d’impact élevé, avec un comité scientifique international, et l’ambition d’être un jour à la hauteur de revues comme The Lancet ou le New England Journal of Medicine. »
Des témoignages qui confirment l’urgence
Le Professeur Halidou Tinto, chercheur burkinabè et investigateur principal sur le vaccin antipaludique R21/Matrix-M, a salué l’initiative portée par des jeunes de la diaspora ivoirienne :
« C’est une très belle initiative. L’Afrique francophone manque cruellement de plateformes pour diffuser et valoriser ses résultats de recherche. Cette revue est une réponse pertinente, qui permettra de renforcer la visibilité et la crédibilité de nos institutions de recherche à l’échelle internationale. »
Même son de cloche du côté du Professeur Mahama Ouattara, doyen de la Faculté de Pharmacie d’Abidjan, pour qui l’adéquation entre recherche et besoins des populations est essentielle :
« Une recherche scientifique n’a de valeur que si elle répond aux problèmes d’une société. Ce type de revue permettra d’aligner nos productions académiques sur les réalités de terrain, et surtout de les rendre visibles pour les décideurs, y compris les industriels. »
Une table ronde pour poser les jalons d’un écosystème scientifique africain fort
Le panel s’est articulé autour de six axes majeurs : l’accès aux revues internationales, le rôle des universités et des États, les barrières linguistiques et culturelles, le financement, la gouvernance éthique, et la valorisation des recherches dans les politiques de santé. Tous les intervenants ont souligné la nécessité d’une structuration plus affirmée de la recherche sur le continent, tant sur le plan institutionnel que technologique.
La Docteure Joyce Dohou, directrice de l’Unité de Recherche Clinique de Côte d’Ivoire, a rappelé l’enjeu transversal de la recherche clinique :
« La recherche clinique ne concerne pas que les médecins. Elle mobilise biologistes, informaticiens, pharmaciens, enseignants… et nos étudiants seront parmi les premiers contributeurs de cette revue. C’est une opportunité unique pour diffuser des travaux de qualité et former les futures générations de chercheurs. »
Vers une nouvelle dynamique panafricaine
La méthodologie participative du panel a permis un dialogue franc entre experts et public. Des propositions concrètes ont émergé : développement de réseaux panafricains de chercheurs, création de mécanismes de financement autonome, renforcement des capacités de publication, et plaidoyer en faveur d’une meilleure inclusion linguistique.
À travers African Medical Review, les initiateurs espèrent fédérer une communauté scientifique panafricaine, mobilisée autour d’un objectif commun : renforcer la souveraineté scientifique de l’Afrique et faire rayonner le savoir médical produit sur le continent. Le premier numéro de la revue est attendu courant mai 2025, tandis que la plateforme numérique devrait être mise en ligne d’ici trois mois.
Ce lancement marque plus qu’une publication : il symbolise le réveil d’une Afrique scientifique qui veut désormais écrire elle-même sa place dans le concert des savoirs.
Lambert KOUAME
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