Vous consultez la nouvelle version du site. Pour accéder à l'ancienne version, cliquez ici.
Flash info
« La justice ne doit pas être un théâtre d'ombre où se jouent des luttes de pouvoir », le barreau de Côte d’Ivoire
Hier, 19:14

Le Bâtonnier Me Loan-Messan et ses pairs avocat tiennent à l'indépendance de la justice

Ecoutez cet article en audio

Lire
Continuer
Pause
Arrêter
Le barreau de Côte d’Ivoire, observant la situation socio-politique du pays, à quelques mois des élections présidentielles, pense qu’on s’achemine encore vers une autre crise post-électorale. C’est pourquoi, il a fait une déclaration, ce vendredi 2 mai 2025, lue par son porte-parole, Me Tompieu Messan, où il tire la sonnette d’alarme. Tout en réaffirmant l’indépendance de la justice. « « La justice ne doit pas être un théâtre d'ombre où se jouent des luttes de pouvoir », rappellent les avocats ivoiriens.

Déclaration du barreau sur la situation pré-électorale en Côte d’Ivoire

La paix par le droit 

Le barreau de Côte d'Ivoire appelle à bâtir une paix durable par le respect du droit en cette période préélectorale. À l'heure où la Côte d'Ivoire continue de consolider son tissu social et politique, le barreau de Côtes d'Ivoire réaffirme avec conviction que le droit est le fondement incontournable d'une paix véritable et pérenne. Face aux défis persistants de cohésion nationale, nous, avocats, garants des libertés et défenseurs de l'état de droit, portons l'impérieuse responsabilité de promouvoir la justice comme outil de dialogue, de réconciliation et de stabilité.

Depuis 1990, les processus électoraux successifs, en particulier les élections présidentielles, ont été marqués par la violence, que ce soit avant, pendant ou après les scrutins. Il est important de se souvenir de la remise en cause de la nationalité de certains acteurs politiques, de rejet de la candidature de leaders politiques, du boycott actif de 1995, ainsi que de la violence qui a suivi la proclamation des résultats de l'élection présidentielle de 2000, de la grave crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait au moins 3 000 morts, et de la violence après les élections présidentielles de 2020. 

L'action et les décisions des instances administratives et judiciaires ont été fortement questionnées et certains revirements des acteurs concernés ont pu compromettre le respect effectif des règles légales à des moments décisifs de notre histoire.

L'année 2025 est une année électorale, avec l'élection présidentielle prévue pour le 25 octobre. Malheureusement, le barreau de Côte d'Ivoire constate que cette triste et tragique histoire risque de se répéter. 

Le barreau de Côte d'Ivoire observe, en effet, que l'établissement de la liste électorale et l'organe chargé de l'organisation des élections sont l'objet de contestations et de polémiques.

Le barreau de Côte d'Ivoire constate des arrestations nocturnes de citoyens en violation des dispositions du Code des procédures pénales. 

Le barreau de Côte d'Ivoire constate que le droit syndical, aussi connu sous le nom de liberté syndicale, droit fondamental inscrit dans la Constitution, qui permet aux membres des syndicats de mener diverses actions syndicales, telles que des réunions, manifestations et grèves, semblent être menacés. 

Le barreau de Côte d'Ivoire constate que les acteurs politiques sont de retour devant les tribunaux.

En Côte d'Ivoire, où les plaies du passé appellent encore à la vigilance, le droit doit servir de boussole pour protéger les fondamentaux de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de religion ou d'appartenance politique. 

Encadrer le débat public par des règles claires empêchant la haine et la violence de s'installer dans l'espace médiatique ou politique. 

Faciliter la réconciliation à travers des mécanismes juridiques apaisés, tels que la médiation, l'arbitrage ou le dialogue entre les acteurs politiques.

C'est pourquoi le barreau de Côte d'Ivoire réaffirme solennellement que l'indépendance de la justice est une condition sine qua non de l'Etat de droit. Consacrée par la Constitution et les conventions internationales, la déontologie des magistrats exige qu'ils agissent en toute neutralité et indépendance. La séparation des pouvoirs, principe républicain fondamental, doit être préservée.

La justice ne doit pas être un théâtre d'ombre où se jouent des luttes de pouvoir. Elle doit demeurer le rempart des libertés et le garant de l'égalité devant la loi. 

Les exigences de l'État de droit commandent que les règles soient appliquées avec rigueur et impartialité.

La Paix doit se faire par l’égalité de tous devant la loi et l’égale protection de tous par la loi. 

Pour le Conseil de l’ordre des avocats de Côte d’Ivoire

Le Bâtonnier Florence Loan-Messan

Donnez votre avis