Peuple résigné





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On va de mal en pis. Attendue avec beaucoup d’espoir, 2021 a commencé avec de mauvaises nouvelles pour les populations ivoiriennes.

Cette année débute, en effet, avec une nouvelle vague de flambée des prix des denrées de première nécessité et de certains services. Les cas qui ont défrayé la chronique récemment sont ceux de l’huile de table et du lait pour nourrisson. Selon le Secrétariat exécutif du Conseil national de lutte contre la vie chère (CNLVC), le prix du bidon de 25 litres de Dinor est passé de 20 000Fcfa à 24 500 FCfa, celui du bidon de 20 litres de la marque Aya de 16 000 F à 19 500 F, et la bouteille de 1,5 litre de 1 450 F à 1 700 F.

De son côté, l’Union nationale des pharmaciens privés de Côte d’Ivoire a elle aussi annoncé une hausse du prix du lait infantile à hauteur de 9%, suite à l’instauration d’une TVA de 9% pour ces produits dans la loi fiscale de 2021.

Les prix du riz du, du poisson et de la viande de bétail ne sont pas en reste. Générations Nouvelles vous proposait à cet effet un reportage la semaine écoulée. Face à la grogne qui montait, le ministère du Commerce a annoncé mardi dernier une « suspension » de la hausse du prix de l’huile et de la farine de blé « à l’issue des discussions menées avec les industriels de l’huile ».   
Il ressort du même communiqué « le gel du prix » du sac de 50 Kg de la farine de blé à 19 000 FCfa. Cette mesure de « suspension » est-elle rassurante ? Combien de temps durera-t-elle ? Sera-t-elle respectée sur le terrain ? Rien n’est sûr.

 Il faut le préciser, les industriels de l’huile et de la farine ont décidé d’augmenter les prix de leurs produits suite à une montée des cours des matières premières à l’international. Pendant combien de temps ces opérateurs économiques pourront-ils appliquer les anciens prix avec des risques de pertes ? Le plus grave, c’est que, comme d’habitude, il n’y a pas eu d’anticipation de la part des autorités. Il aura fallu que les consommateurs se plaignent pour qu’elles réagissent et engagent avec les industriels, des discussions qui auraient dû se faire avant. Cet épisode est une énième illustration de tout le sérieux avec lequel nos dirigeants travaillent à éviter une vie plus chère à leurs administrés. Des administrés livrés à eux-mêmes. Depuis une décennie, aucune véritable politique structurelle pour faciliter le quotidien des populations. L’école gratuite n’est qu’un leurre. Le portefeuille des parents d’élèves est éprouvé par les cotisations anarchiques qui ne sont supprimées que dans les discours. L’accès aux soins de santé ? C’est la galère ! Dans les hôpitaux publics qui fonctionnent, tout est payant. La politique de Couverture maladie universelle (CMU) n’existe que de nom. Toutes les politiques ou mesures pour faciliter l’accès au logement ou réduire les coûts des loyers se sont soldées par des échecs. Dans le transport urbain ou interurbain, les prix montent régulièrement au grand dam des usagers. Cette liste noire des sources de souffrance des populations en Côte d’Ivoire est loin d’être exhaustive.  Pour preuve, la Côte d’Ivoire affiche un faible indice de capital humain (0,35) selon la Banque mondiale. « Le pays gagnerait à redistribuer davantage les fruits de sa bonne performance économique aux populations les plus vulnérables », recommande cette institution.

On le voit, derrière l’embellie qu’on constate notamment à Abidjan la capitale économique, le bas peuple continue de souffrir et cela, dans une grande résignation. Manipulé et méprisé par les politiques, il est devenu impuissant.

Cissé Sindou

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